Louis Armand and Clare Wallace translating Véronique Vassiliou
Une suite de 29 intérieurs reconstruits, ou déconstruits? Annonces immobilères ou poèmes? A la limite entre dehors et le dedans, sur le seuil. Vers le vide, à la limite.
A sequence of 29 interiors reconstructed, or deconstructed? Real estate advertisements or poems? At the limit between inside and outside, on the threshold. Towards the void, on the edge.
18 Le centre de la pièce est vide. Cent vingt cactus s’affrontent, alignés, inégaux, hérissés sur deux niveaux. En parallèle, quinze peintures sur papier avec bouteilles, citrons, verres, encriers. La cuisine piaille de tous les cries de trente oiseaux et trois enfants y oscillent. Une cuisine précise où l’on engrange. On y cuisine sur de la vitre, par peur du gaz, avec des casseroles brillantes, exemptes de rayures. La maison est carrée et repose sur une cave voûtée. La cave est le lieu de conservation. Des escaliers conduisent à des pièces inhabitables. Autour de la maison, c’est cinq fois le vide.
The centre of the room is empty. One hundred and twenty cacti confront one another, aligned, unequal, bristly on two levels. Parallel, fifteen paintings on paper, with bottles, lemons, glasses, inkpots. The kitchen screeches with all the oscillating cries of thirty birds and three children. A particular kitchen to gather in. One cooks by the window, for fear of gas, with brilliant unscathed saucepans. The house is square and sits upon a vaulted cellar. The cellar is the place of conservation. Stairs lead to uninhabitable rooms. Around the house it is five times as empty.
19 On y entre par la cuisine. Colorée de jaune, d’orange. Au-dessus de l’embrasure, une peinture de deux fruits, dans les mêmes tons de soleil. Une hotte, fragile, jaune citron, pas encore grasse, au-dessus de la cuisinière. Puis la pièce où l’on dort, où l’on s’assoit, où l’on lit, où l’on mange. Le lit est un lit pour deux, surélevé. Beaucoup de livres sur le mur, àdroite, en entrant. Deux fleurs artificielles. Les fenêtres sur la mer très bleue, un peu agitée, avec de l’écume et quelques gros bateaux sans commerce. Le commerce a disparu. Il ne reste plus que les voyages entre îles et continent.
One enters by the kitchen. Coloured yellow, orange. Over the doorframe, a painting of fruit in the same tones as the sun. Above the cooker, a basket, fragile, lemonyellow, not yet greasy. Then the room for sleeping, for sitting, for reading, for eating. The bed is a bed for two, elevated. Many books on the wall, to the right, upon entering. Two artificial flowers. Windows onto the sea, deep blue, a little rough, with foam and several large idle ships. Trade has disappeared. All that is left are journeys between the islands and the continent.
28 Un fil téléphonique traverse l’appartement de part en part. Ici, tout est parallèle, les lattes de plancher, les rideaux, la disposition des pièces. Les deux chambres ont la même fonction, on y dort, on y travaille. Dans l’une, on dort plus qu’on ne travaille, dans l’autre on transmet plus qu’on ne dort. Face aux chambres, la pièce qui reçoit et qui accuielle, la pièce où l’on lit et où l’on entend de la musique. Tout est sous verre. Les livres sont enfermés dans des boîtiers de Plexiglas, eux mêmes contenus par des étagères vitrées et fermées à clef. Les disques, très nombreux, n’apparaissent que pour la choix, avant l’écoute, et disparaissent dans les tiroirs qui glissent discrètement sur des roulements à billes. Il y a d’autres livres dans la maison. Dans un placard, dans le couloir. Ces livres-là sont ceux qui ne sont pas sérieux. Ceux-là sont invisibles et entassés. Lorsque la porte du placard s’ouvre, les piles s’effondrent de révolte. Il leur faut respirer, il leur faut de l’air.
A telephone line crosses the apartment from one end to the other. Here everything is parallel, the floorboards, the curtains, the disposition of the rooms. The two rooms have the same function, one for work, one for sleep. In the first, one sleeps when not working, in the second, one is in transit when not sleeping. Facing the two rooms, the space which receives and welcomes, the space where one reads or listens to music. Everything is under glass. Books are contained in Plexiglass cases, themselves enclosed in a shelved vitrine, locked with a key. There are large numbers of records which materialise only to be selected, listened to, and then disappear again in drawers that discreetly slide upon rollers. There are other books in the house. In a cupboard, in the corridor. These books are those which haven’t been bound, those which are supple, those which are not serious. They are invisible and stacked up. When the door of the cupboard is opened, they collapse in revolt. They need to breathe, they need air. Bios: Véronique Vassiliou. Born in 1962. Lives in Mimet. Works in Marseille. Since 1985 she has been published in numerous journals including Action poétique, Nioques, Europe, If, Ralentir Travaux, Tirages, Lines Review, Raddle Moon and The Prague Revue. Her work has appeared in the anthologies Poésie aujourd‘hui. Aspects d‘un paysage éditorial (Seghers, 1990); 29 femmes: une anthologie. Poésies en France depuis 1960 (Stock, 1994). Her individual collections include Geste 8 et 5 (Messidor, 1991); La Voix (La Main courante, 1992); Comment en noirs (Les Cahiers éphémérides, 1998); N.O. Le détournement (Contre-Pied, 1998); Seuils (Harpo&, 2000) and Appelation Contrôleé (Imprimerie Cholet, 2001).
Clare Wallace is a lecturer at Charles Univerity and the University of New York, Prague, in the Czech Republic. Her essays and reviews have appeared in numerous journals and newspapers including Irish University Review, Litteraria Pragensia, The Prague Post, New Presence and The Hungarian Review. She is formerly the editor of One Eye Open, a journal of Central European women’s writing. Currently she is the managing editor of The Prague Revue, and a consultant for the Odeon publishing house and the Czech National Theatre. Louis ArmandLouis Armand is an artist and writer based in Prague. His recent publications include The Garden (Salt, 2001) and Land Partition (Textbase, 2001).
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